Hubert Sumlin : La Discrétion au Service du Blues

 


Hubert Sumlin était un homme de peu de mots, un bluesman dont la discrétion n'avait d'égale que son immense talent. Cette caractéristique, loin d'être anodine, nous amène naturellement à nous interroger sur la notion même de discrétion au sein du blues. Dans un genre musical si souvent associé à l'expression brute des émotions et aux vies tumultueuses de ses interprètes, le silence de Sumlin résonne comme une note singulière, un contrepoint des plus intrigants.

En définitive, la discrétion d'Hubert Sumlin s'avère être un élément essentiel de son héritage artistique. Elle invite à une écoute plus attentive, à une exploration profonde des nuances de sa musique, et finalement, à une compréhension plus intime de l'âme du blues.

Hubert Sumlin est né le 16 novembre 1931 à Greenwood, Mississippi, au cœur du Delta du Mississippi, une région considérée comme le berceau du blues. Ce terreau fertile a façonné de nombreux bluesmen, et son influence a profondément marqué le style de jeu de Sumlin.

Peu après sa naissance, sa famille a déménagé à Hughes, dans l'Arkansas, où il a passé une partie de son enfance au sein d'une fratrie nombreuse. Dès son plus jeune âge, il a été exposé à la musique blues, qui tenait une place prépondérante dans la vie de sa communauté. Il a commencé à jouer de la guitare enfant, et son talent n'a pas tardé à être remarqué.

Une rencontre déterminante a marqué sa jeunesse : celle avec Howlin' Wolf. Ce dernier est devenu son mentor et une figure paternelle, et leur collaboration s'est étendue sur plusieurs décennies.

Les racines de Sumlin dans le Delta blues ont profondément imprégné son style de guitare. Son jeu se caractérisait par une énergie brute, une expressivité émotionnelle intense et une utilisation de riffs de guitare incisifs et reconnaissables.

L'âge exact auquel Hubert Sumlin a commencé à jouer de la guitare demeure incertain. Si certaines sources indiquent qu'il a reçu sa première guitare vers l'âge de sept ou huit ans, d'autres mentionnent qu'il s'est initié à la musique sur un rudimentaire "diddley bow" bien plus tôt. Par ailleurs, il est rapporté qu'il fréquentait les "juke joints" dès son plus jeune âge. Ces lieux de rassemblement où résonnait le blues ont indéniablement influencé son éveil musical.

Sa rencontre précoce avec Howlin' Wolf s'est avérée un tournant décisif dans sa carrière. Howlin' Wolf a immédiatement perçu son talent et l'a encouragé à cultiver sa passion pour la musique.

Ainsi, il est indéniable qu'Hubert Sumlin a développé un intérêt pour la musique et la guitare dès son plus jeune âge. L'atmosphère musicale de son enfance dans le Mississippi et l'Arkansas, conjuguée à sa rencontre providentielle avec Howlin' Wolf, ont joué un rôle fondamental dans son éclosion en tant que bluesman.

Dès son adolescence, Hubert Sumlin a fait ses premières armes dans les "juke joints". Ces lieux vibrants, au cœur de la culture blues, ont joué un rôle déterminant dans son apprentissage musical.

Les "juke joints" étaient bien plus que de simples lieux de rassemblement informels ; ils constituaient de véritables creusets musicaux où les bluesmen se produisaient et partageaient leur art. Pour les jeunes talents comme Hubert Sumlin, ils représentaient une opportunité inestimable d'apprendre auprès de musiciens plus aguerris et de forger leur propre identité sonore. C'étaient des espaces de vie où la musique était l'âme et le moteur.

C'est dans cette atmosphère électrique que Sumlin a commencé à se produire régulièrement, aiguisant ses compétences et accumulant une précieuse expérience de la scène. Cette immersion précoce lui a permis de développer un jeu de guitare à la fois brut et profondément expressif, qui deviendra la marque de son style.

La scène animée des "juke joints" s'est révélée essentielle non seulement pour l'épanouissement du blues en général, mais aussi pour l'essor de la carrière d'Hubert Sumlin en particulier. Ces lieux ont offert aux musiciens blues l'opportunité de se faire entendre et de fidéliser leur public. Ainsi, les "juke joints" ont été un pilier fondamental de la formation musicale d'Hubert Sumlin, lui permettant de cultiver son talent et de se préparer pour la brillante carrière qui l'attendait.

Les "juke joints" ont constitué un terreau essentiel dans l'éclosion de nombreux bluesmen, influençant profondément leur identité musicale.

Ces lieux de rassemblement effervescents étaient un carrefour d'influences musicales variées, des rythmes africains ancestraux aux mélodies spirituelles du gospel. Cette richesse a permis aux jeunes musiciens d'explorer et de forger leur propre style, en intégrant une mosaïque d'éléments sonores.

À l'opposé des institutions musicales traditionnelles, les "juke joints" offraient un apprentissage organique et immédiat. Les novices absorbaient le savoir en observant et en imitant les bluesmen chevronnés, échangeant techniques et idées dans une émulation constante.

Au sein de ces espaces de liberté, les musiciens pouvaient exprimer leurs émotions et leurs expériences de manière authentique et sans entraves. Cette absence de censure a contribué à forger le caractère brut et viscéral du blues.

Les "juke joints" étaient des microcosmes de la vie communautaire, où se reflétaient les réalités sociales et économiques des populations afro-américaines. Les bluesmen puisaient leur inspiration dans ce vécu quotidien, donnant naissance à une musique profondément enracinée dans le terreau de l'existence.

Se produire régulièrement dans les "juke joints" permettait aux musiciens de roder leur présence scénique et de développer une connexion intime avec leur public. Ainsi, ces lieux étaient bien plus que de simples divertissements ; ils incarnaient de véritables écoles de musique et des espaces d'expression culturelle vitaux, qui ont modelé l'identité d'une génération entière de bluesmen.

À l'instar de nombreux bluesmen de sa génération, Hubert Sumlin a été façonné par des réalités éprouvantes qui ont profondément marqué son existence et infusé sa musique d'une âme particulière.

Ayant grandi dans le Sud ségrégationniste des États-Unis, Sumlin a été confronté à la discrimination raciale tout au long de sa vie. Cette expérience douloureuse a durablement influencé sa vision du monde et s'est exprimée avec force dans sa musique, souvent empreinte de la souffrance et de la lutte.

Comme nombre de musiciens de blues, Sumlin était issu d'un milieu modeste. La pauvreté était une réalité quotidienne pour lui et sa famille, une épreuve qui a modelé son approche de la musique, souvent perçue comme une source de réconfort et d'espoir tenace.

La vie des bluesmen était fréquemment synonyme de déplacements incessants et d'une

existence itinérante. Sumlin a sillonné le Sud des États-Unis avant de finalement s'établir à Chicago, en quête d'opportunités musicales. Cette expérience de l'errance a nourri son esprit indépendant et contribué à son mode de vie nomade.

Ces épreuves ont contribué à forger l'identité profonde d'Hubert Sumlin en tant que bluesman. Elles ont également conféré à sa musique une profondeur et une authenticité poignantes, touchant ainsi des générations de passionnés de blues.

Au début des années 1950, l'union des talents d'Hubert Sumlin et de James Cotton a donné naissance à un groupe qui allait marquer une étape significative dans leurs parcours respectifs. Cette collaboration illustre l'effervescence créative de la scène blues à cette époque, où l'entraide et le soutien mutuel entre musiciens étaient monnaie courante.

Animés d'une fougue juvénile et d'un talent prometteur, Hubert Sumlin et James Cotton ont décidé d'unir leurs forces au sein d'un nouvel ensemble. Cette initiative audacieuse leur a offert un terrain fertile pour affiner leur style et acquérir une précieuse expérience de la scène.

James Cotton, harmoniciste de blues au talent déjà éclatant, a vu sa réputation grandir et son audience s'élargir grâce à cette collaboration avec Sumlin.

Cette décennie s'est avérée cruciale pour le blues, marquée par l'éclosion de nouveaux talents et une évolution stylistique notable. La formation de groupes tels que celui de Sumlin et Cotton a joué un rôle essentiel dans la définition du son emblématique du blues de Chicago.

Au début des années 1950, la formation d'Hubert Sumlin et James Cotton incluait également Pat Hare à la guitare et Bobby "Blue" Bland au chant. Cette synergie musicale a permis aux deux leaders de se faire remarquer et de consolider les fondations de leurs futures carrières solistes.

L'année 1954 constitue un tournant majeur dans la carrière d'Hubert Sumlin, marquée par son intégration au sein du groupe légendaire d'Howlin' Wolf. Cette collaboration fructueuse, qui s'étendra sur plus de deux décennies, façonnera non seulement le style singulier de Sumlin, mais inscrira également une page indélébile dans l'histoire du blues de Chicago.

Bien que leur première rencontre remonte à l'enfance, c'est en 1954 que leur association musicale prend une dimension professionnelle décisive. Howlin' Wolf, ayant rapidement discerné le talent exceptionnel de Sumlin, l'invite à rejoindre sa formation à Chicago, épicentre bouillonnant du blues électrique.

La complémentarité artistique entre la voix puissante et gutturale d'Howlin' Wolf et le jeu de guitare à la fois tranchant et profondément expressif de Sumlin s'avère exceptionnelle. Ensemble, ils donnent naissance à des classiques intemporels du blues tels que "Smokestack Lightning" et "Killing Floor", dont l'écho résonne encore aujourd'hui.

Le style de guitare immédiatement reconnaissable de Sumlin, caractérisé par ses riffs uniques et ses solos d'une imprévisibilité captivante, exercera une influence considérable sur de nombreux guitaristes, y compris ceux qui exploreront les territoires naissants du rock. Sa collaboration emblématique avec Howlin' Wolf contribue à définir le son distinctif du blues de Chicago et à laisser une empreinte indélébile sur l'histoire de la musique populaire.

Bien que leur longue collaboration n'ait pas été exempte de quelques tensions passagères – Sumlin ayant brièvement collaboré avec Muddy Waters – son attachement profond à Howlin' Wolf le ramènera toujours au sein de son groupe.

Ainsi, 1954 demeure une année charnière pour Hubert Sumlin, marquant l'aube d'une collaboration légendaire qui aura un impact profond et durable sur le paysage du blues mondial.

En dépit de quelques frictions inévitables, la collaboration artistique entre Hubert Sumlin et Howlin' Wolf s'est avérée exceptionnellement longue et prolifique, perdurant jusqu'au décès de Wolf en 1976. Cette relation complexe et profondément enracinée constitue un pilier essentiel de l'histoire du blues de Chicago.

Leur dynamique est souvent dépeinte comme celle d'une relation père-fils, avec son cortège d'affections et de désaccords. Howlin' Wolf, figure charismatique au tempérament affirmé, pouvait se montrer exigeant et parfois difficile à côtoyer. Sumlin, pour sa part, possédait un caractère bien trempé et une aspiration légitime à exprimer sa propre vision créative.

Cependant, au-delà des tensions interpersonnelles, leur alchimie musicale transcendait les obstacles. Howlin' Wolf reconnaissait l'originalité et la virtuosité du talent de Sumlin, tandis que ce dernier vouait un profond respect au leadership et à la direction musicale de Wolf. Leurs styles distincts se complétaient avec une rare perfection, engendrant un son puissant et immédiatement reconnaissable, devenu l'emblème d'une époque.

Leur longévité artistique, s'étendant sur plus de deux décennies, témoigne éloquemment de la force indéfectible de leur lien musical et d'un respect mutuel sous-jacent. Même lors de ses départs temporaires du groupe, le retour constant de Sumlin souligne l'importance vitale de cette collaboration pour l'épanouissement des deux hommes, tant sur le plan personnel qu'artistique.

De leur partenariat sont nés certains des morceaux les plus iconiques du blues de Chicago, dont l'influence continue de résonner auprès de générations successives de musiciens. Leur héritage musical commun, forgé dans la passion et parfois la confrontation, demeure un témoignage vibrant de la puissance créatrice d'une collaboration unique, capable de surmonter les difficultés inhérentes à toute relation humaine intense.

Les années 1960 ont marqué une période de transformation musicale, et Hubert Sumlin a joué un rôle pivot dans la perméation du blues au sein du rock 'n' roll. Son style de guitare singulier a fasciné une nouvelle vague de musiciens, tant sur la scène américaine qu'outre-Manche.

Des formations britanniques emblématiques telles que les Rolling Stones, les Yardbirds et Cream ont puisé une inspiration profonde dans le blues de Chicago, et plus particulièrement dans le jeu distinctif de Sumlin. Des guitaristes légendaires comme Eric Clapton, Jimmy Page et Keith Richards ont explicitement cité Sumlin comme une source d'inspiration majeure et fondatrice.

Le style de guitare de Sumlin, caractérisé par ses riffs acérés et ses solos d'une imprévisibilité captivante, a contribué de manière significative à modeler le son émergent du rock 'n' roll. Son jeu apportait une énergie brute et une intensité émotionnelle que les musiciens de rock ont rapidement adoptées et intégrées à leur propre langage musical.

Bien que son influence ait été considérable et durable, Sumlin n'a pas toujours bénéficié de la pleine reconnaissance qu'il méritait de son vivant. Néanmoins, son héritage musical continue d'irradier et d'inspirer les guitaristes et les musiciens d'aujourd'hui, témoignant de son impact indélébile sur l'histoire de la musique populaire.

La participation d'Hubert Sumlin à l'album emblématique "The London Howlin' Wolf Sessions" constitue un moment marquant. Cet opus, enregistré en 1970 et paru en 1971, représente une étape cruciale dans la carrière d'Howlin' Wolf, et l'insistance d'Eric Clapton pour y inclure Sumlin témoigne de l'influence considérable de ce dernier.

"The London Howlin' Wolf Sessions" est un album novateur qui a orchestré la rencontre entre Howlin' Wolf et des figures majeures du rock britannique telles qu'Eric Clapton, Steve Winwood, Bill Wyman et Charlie Watts. L'ambition de cet album résidait dans le désir de connecter le blues de Chicago avec un public rock plus vaste.

Eric Clapton, fervent admirateur d'Hubert Sumlin, a joué un rôle déterminant en insistant pour que le guitariste participe activement à l'enregistrement. Clapton reconnaissait l'apport essentiel de Sumlin à la sonorité unique d'Howlin' Wolf et souhaitait ardemment que son talent distinctif soit mis en lumière sur cet album d'envergure.

La présence de Sumlin sur l'album a infusé la musique d'une authenticité et d'une profondeur singulières. Son jeu de guitare immédiatement reconnaissable a magnifiquement complété la voix puissante et rauque d'Howlin' Wolf, créant une synergie sonore inoubliable.

Cette anecdote éloquente illustre l'influence considérable qu'Hubert Sumlin exerçait sur les musiciens de rock britanniques. Son style de guitare novateur a inspiré une pléiade de guitaristes et a joué un rôle non négligeable dans la popularisation du blues de Chicago auprès d'une audience internationale.

Le décès d'Howlin' Wolf en 1976 a profondément bouleversé Hubert Sumlin. Leur relation, qui transcendait la simple sphère professionnelle, était cimentée par une affection sincère et un respect mutuel indéfectible.

Pour Sumlin, Howlin' Wolf était bien plus qu'un employeur ; il incarnait un mentor, un modèle dont l'influence avait marqué sa vie à jamais. Leur relation, certes ponctuée d'aléas, n'a jamais dévié d'un fond d'affection profonde.

La disparition de Wolf a creusé un vide immense dans l'existence de Sumlin. Il perdait non seulement un collaborateur musical exceptionnel, mais aussi un ami intime et un guide spirituel.

Après la mort de Wolf, Sumlin a traversé une période de désorientation, cherchant une nouvelle voie. Bien qu'il ait continué à se produire et à enregistrer, il a dû composer avec l'absence douloureuse de celui qui avait été son complice musical pendant plus de deux décennies.

Malgré le chagrin lancinant, Sumlin a choisi d'honorer l'héritage de Wolf à travers sa propre musique. Il a perpétué le son authentique du blues de Chicago, contribuant ainsi à maintenir vivante la mémoire de son mentor.

Le décès d'Howlin' Wolf a indéniablement marqué un tournant dans la vie d'Hubert Sumlin, le plongeant dans une période de deuil et de transition délicate. Cependant, avec résilience, il a su surmonter cette épreuve et continuer à faire vibrer sa passion inextinguible pour le blues.

La présence remarquée d'Hubert Sumlin à plusieurs éditions du Crossroads Guitar Festival, un événement musical de premier plan orchestré par Eric Clapton, atteste de la reconnaissance unanime de son talent et de son influence durable sur les guitaristes de blues et de rock : 

- Crossroads Guitar Festival : Ce festival de musique prestigieux met en lumière les virtuoses de la guitare issus du blues, du rock et d'autres courants musicaux. Initié par Eric Clapton en 1999, il a pour noble vocation de recueillir des fonds essentiels au fonctionnement du Crossroads Centre, un établissement dédié au traitement des personnes aux prises avec la toxicomanie.

- Participations de Sumlin : Hubert Sumlin a honoré de sa présence plusieurs éditions mémorables du festival, notamment celles de 2004, 2007 et 2010. Ses apparitions sur scène aux côtés d'autres guitaristes de renom ont constitué des moments particulièrement poignants pour les passionnés de blues.

▪︎ Lors de l'édition 2004, il a partagé la scène avec les légendaires Eric Clapton, Jimmy Vaughan et Robert Cray.

▪︎ Lors de l'édition 2010, il a retrouvé Jimmy Vaughan et Robert Cray pour une performance électrique.

- Reconnaissance et hommage : Sa participation à ces festivals a été l'occasion solennelle de rendre un hommage vibrant à son talent exceptionnel et à son héritage musical inestimable. Il a ainsi pu partager sa passion avec un public élargi et continuer d'inspirer de nouvelles générations de guitaristes.

La présence d'Hubert Sumlin au Crossroads Guitar Festival a indéniablement marqué les esprits des amateurs de blues, et elle témoigne éloquemment de son rôle crucial et impérissable dans l'histoire de la musique.

Hubert Sumlin s'est éteint le 4 décembre 2011 à l'hôpital de Wayne, dans le New Jersey, des suites d'une insuffisance cardiaque. Il était âgé de 80 ans.

Hubert Sumlin a finalement tiré sa révérence. Bien que l'image poignante d'une mort sur scène, guitare à la main, soit souvent évoquée, il est essentiel de rétablir la vérité des faits.

Certes, Hubert Sumlin a continué à se produire en public avec une ferveur admirable jusqu'à un âge avancé, la musique demeurant sa passion inextinguible jusqu'à son dernier souffle. Il est donc tout à fait plausible que son décès soit survenu peu de temps après l'une de ses ultimes prestations.

Si le récit d'une mort sur scène revêt une aura romanesque, les faits attestent de son décès à l'hôpital. Néanmoins, l'image de lui, guitare à la main, demeure un symbole puissant et éloquent de sa dévotion inébranlable à la musique.

Sa disparition a provoqué une vague d'hommages émus de la part de musiciens et de passionnés de blues à travers le monde entier.

Le financement des funérailles d'Hubert Sumlin par Mick Jagger et Keith Richards des Rolling Stones témoigne du profond respect qu'ils nourrissaient à l'égard de ce musicien emblématique et de l'influence considérable qu'il a exercée sur leur propre trajectoire musicale ainsi que sur l'ensemble de la scène rock et blues.

Les Rolling Stones ont toujours manifesté une reconnaissance appuyée de leur dette envers les bluesmen de Chicago, et plus particulièrement envers les figures tutélaires d'Howlin' Wolf et d'Hubert Sumlin. Leur musique, profondément ancrée dans les racines du blues, est parsemée d'hommages sincères à leurs influences majeures.

En assumant les frais des obsèques de Sumlin, Jagger et Richards ont exprimé leur gratitude envers un artiste dont la contribution a été essentielle dans le façonnement de leur propre sonorité distinctive. Ce geste poignant constituait une manière digne de saluer son talent unique et son héritage musical impérissable.

Cette action a également été perçue comme un symbole éloquent de l'ascendant considérable d'Hubert Sumlin sur la scène rock et blues. Elle a illustré la manière dont son style de guitare singulier et son approche novatrice de la musique avaient marqué des générations entières de musiciens.

Keith Richards a ainsi déclaré avec émotion : « C'est avec une profonde tristesse que j'ai appris la nouvelle du décès d'Hubert. Il a mené un combat long et difficile. Pour moi, il était à la fois un oncle et un professeur, et je pense que tous les guitaristes devraient ressentir la même chose que moi. »

Mick Jagger a ajouté : « Hubert était un joueur de blues à la fois incisif et subtil. Il possédait un timbre véritablement distinctif et original, et il était un partenaire musical merveilleux pour le style vocal rauque et puissant d'Howlin' Wolf.»

Hubert Sumlin laisse derrière lui un héritage musical considérable, et son style de guitare unique continue d'inspirer les musiciens d'aujourd'hui.

Hubert Sumlin a exercé une influence considérable sur une pléiade de guitaristes de blues et de rock, transcendant les frontières des genres et des générations. Son impact durable témoigne de la puissance du blues de Chicago sur la musique populaire :

▪︎ Jimi Hendrix : Reconnu pour son approche révolutionnaire de la guitare, Hendrix a été marqué par le jeu de Sumlin, notamment son utilisation de riffs incisifs et de solos d'une imprévisibilité fascinante.

▪︎ Keith Richards (The Rolling Stones) : Richards a fréquemment cité Sumlin comme une source d'inspiration fondamentale. Il était particulièrement attiré par le style de guitare brut et profondément émotionnel de Sumlin, qui a contribué à forger l'identité sonore des Rolling Stones.

▪︎ Robbie Robertson (The Band) : Robertson a également été sensible à l'influence de Sumlin, notamment en ce qui concerne sa capacité à tisser des ambiances uniques et évocatrices avec sa guitare.

▪︎ Stevie Ray Vaughan : Vaughan, figure emblématique du blues moderne, a été profondément influencé par les bluesmen de Chicago, et Sumlin figurait parmi ses modèles les plus admirés. Son jeu à la fois énergique et intensément expressif porte l'empreinte indéniable du style de Sumlin.

L'héritage d'Hubert Sumlin, dont le style de guitare singulier a inspiré tant de musiciens, continue d'être célébré aujourd'hui comme un témoignage vibrant de l'impact profond du blues de Chicago sur l'histoire de la musique populaire

● Ces quelques titres emblématiques du répertoire d'Hubert Sumlin illustrent l'étendue et l'expressivité de son style blues si particulier :

- "Sometimes I'm Right" : Ce morceau met en lumière la signature guitaristique de Sumlin, avec ses riffs tranchants et ses solos empreints d'une profonde émotion. Il explore fréquemment les thèmes classiques du blues, tels que les complexités relationnelles et les aléas de l'existence.

- "Still Playing the Blues" : Ce titre constitue un vibrant hommage au genre musical qui a façonné sa vie. Il témoigne de sa passion inébranlable pour le blues et de sa détermination à en perpétuer l'héritage.  

- "I'm Coming Home" : Ce titre exprime souvent un ardent désir de renouer avec ses racines et son foyer. Il peut également être interprété comme un retour aux fondements du blues, à son authenticité et à son émotion brute et viscérale.

Ces titres, parmi tant d'autres, révèlent la richesse du talent d'Hubert Sumlin et sa capacité unique à transmettre des émotions profondes à travers sa musique. Sa discographie recèle de nombreux autres joyaux qui ne demandent qu'à être explorés.

● La discrétion d'Hubert Sumlin, trait saillant de sa personnalité et fil conducteur de sa carrière, apparaît en effet comme intrinsèquement liée à l'âme profonde du blues :

▪︎ Authenticité et modestie : Le blues, musique viscérale née des épreuves de l'existence, érige souvent l'authenticité et la modestie en valeurs cardinales. Les bluesmen, issus de milieux humbles, privilégient l'expression brute de leurs émotions à travers leur art plutôt qu'à travers des artifices superficiels. La discrétion de Sumlin peut ainsi être perçue comme une émanation de cette humilité, un refus de l'ostentation et une concentration entière sur l'essentiel : la musique elle-même.

▪︎ Le blues, une musique de l'âme : Le blues est une langue de l'âme, une effusion d'émotions profondes et un écho des expériences de vie les plus intimes. La discrétion de Sumlin peut alors être interprétée comme une volonté de laisser sa musique parler en son nom, de confier ses sentiments les plus personnels à travers la richesse de ses riffs et la profondeur de ses solos. Son jeu de guitare, bien que d'une maîtrise technique indéniable, est avant tout une expression émotionnelle pure, une confidence silencieuse offerte à l'auditeur attentif.

▪︎ La discrétion comme héritage : La discrétion d'Hubert Sumlin s'inscrit dans une tradition ancrée au cœur du blues, où nombre d'artistes ont privilégié la pérennité de leur musique à l'éphémère éclat de la célébrité. Cette retenue contribue à forger la légende du bluesman authentique, qui préfère la force de l'ombre à la superficialité de la lumière médiatique.

L'essence du jeu d'Hubert Sumlin réside dans sa capacité singulière à communiquer des émotions profondes à travers les éléments les plus subtils de sa musique.

Les silences chez Sumlin ne sont jamais de simples interruptions ; ils sont au contraire des espaces chargés de sens, instaurant des moments de tension palpable, d'attente fébrile ou de méditation introspective. Ces silences offrent à l'auditeur l'opportunité de ressentir l'émotion brute, de laisser la musique résonner au plus profond de son être. C'est une forme de dialogue tacite, une conversation silencieuse entre l'âme du musicien et celle de l'auditeur.

Sumlin était un virtuose des nuances, capable de moduler son jeu avec une sensibilité exquise. Il pouvait glisser avec une fluidité déconcertante d'une sonorité douce et mélancolique à un timbre rugueux et intense, exprimant ainsi une vaste palette d'affects. Ces subtilités confèrent à sa musique une profondeur et une complexité captivantes, la rendant d'autant plus expressive et touchante.

Les riffs de Sumlin, bien que d'une simplicité apparente, possédaient une efficacité émotionnelle redoutable. Il maîtrisait l'art d'agencer les notes et les rythmes pour créer des mélodies à la fois accrocheuses et profondément expressives. Ses riffs délicats, souvent empreints d'une mélancolie lancinante ou d'une douleur sourde, constituent une véritable signature de son style inimitable.

En combinant ces éléments avec une maestria naturelle, Sumlin parvenait à créer une musique qui s'adressait directement à l'âme, transcendante les barrières du langage verbal. Son œuvre est une véritable conversation émotionnelle, où les silences éloquents, les nuances subtiles et les riffs délicats sont autant de voies privilégiées pour communiquer des sentiments d'une profondeur abyssale.

● La discrétion naturelle d'Hubert Sumlin a indéniablement contribué à l'aura de mystère qui l'entourait : 

- Dans un univers médiatique où les artistes sont souvent omniprésents, la retenue de Sumlin crée un contraste saisissant. Son absence de médiatisation excessive, son refus délibéré de se mettre en avant, ont naturellement suscité la curiosité et l'interrogation. Ce manque d'informations sur sa vie privée n'a fait qu'alimenter le voile de mystère planant autour de sa personne.

- Sumlin a sciemment choisi de laisser sa musique s'exprimer en son nom, privilégiant l'éloquence de son art à l'éphémère éclat de la célébrité. Cette attitude renforce l'image d'un musicien authentique, entièrement dévoué à sa passion. Son aura de mystère est ainsi intrinsèquement liée à la puissance évocatrice de sa musique, qui semble receler les secrets les plus intimes de son âme.

- Le blues, genre musical souvent associé au mystère, à la mélancolie poignante et aux profondeurs insondables de l'âme humaine, a trouvé en Sumlin un digne représentant de cette tradition. Sa discrétion s'inscrit naturellement dans ce courant, renforçant son image de bluesman énigmatique, dont la musique est perçue comme une fenêtre ouverte sur un univers intérieur complexe et fascinant.

La discrétion de Sumlin se révèle ainsi être une forme de respect profond, tant envers les pionniers vénérables que les fondateurs sacrés du blues.

Hubert Sumlin possédait un style de guitare singulier, une empreinte sonore unique qui le distinguait des autres figures marquantes du blues de son époque. 

Si Muddy Waters était célèbre pour son jeu de guitare électrique puissant et rythmique, pierre angulaire du son de Chicago, Sumlin, tout en partageant cette énergie brute, cultivait un style plus imprévisible, privilégiant des riffs incisifs et des solos d'une intense émotion. Là où le jeu de Muddy Waters se caractérisait par une fluidité et une régularité plus marquées, celui de Sumlin explorait des territoires plus accidentés.

Howlin' Wolf, au-delà de son statut de chanteur exceptionnel, était également un guitariste talentueux au style brut et percussif. En tant que guitariste principal de son groupe, Sumlin apportait une dimension plus mélodique et une technicité raffinée à leur musique. Le jeu de Howlin' Wolf, bien que plus simple dans son approche, n'en demeurait pas moins d'une efficacité redoutable.

Buddy Guy, quant à lui, est reconnu pour son style de guitare virtuose et flamboyant, avec une utilisation extensive d'effets et de techniques modernes. Sumlin, bien que possédant une technique accomplie, privilégiait une approche plus viscérale et émotionnelle, dépourvue d'artifices sophistiqués

Sumlin était notamment réputé pour ses solos d'une imprévisibilité déconcertante, capables de s'aventurer dans des directions inattendues, suscitant chez l'auditeur un sentiment constant de surprise et d'excitation. Ses riffs, reconnaissables entre mille, portaient l'empreinte d'une énergie brute et d'une aptitude à créer des mélodies à la fois accrocheuses et profondément expressives. Son jeu était viscéralement ancré dans l'émotion, avec une capacité rare à transmettre des sentiments de joie, de douleur ou de mélancolie à travers les cordes de sa guitare. Maître dans l'art du silence expressif, Sumlin savait ménager des espaces significatifs, donnant un relief saisissant à son jeu et créant une tension dramatique palpable. Son style, délibérément "cassé" et moins conventionnel, conférait à sa sonorité une singularité inoubliable.

● Si je ne devais vous recommander qu'un seul album d'Hubert Sumlin, ce serait sans hésiter "About Them Shoes" (2005).

Paru peu de temps avant sa disparition, cet album se présente comme une sorte de testament musical poignant. Il réunit Sumlin aux côtés de nombreux musiciens de renom, parmi lesquels les illustres Eric Clapton, Keith Richards et James Cotton.

L'album offre un savoureux mélange de blues traditionnel et d'influences rock, mettant en lumière la singularité et la richesse du jeu de guitare de Sumlin. C'est également une œuvre qui témoigne de l'humilité profonde de l'artiste et de son respect sincère envers les figures tutélaires du blues.

Plus que tout autre, cet album semble incarner l'essence même de la personnalité d'Hubert Sumlin.




















● Florianne et Gemini, vous avez déniché les riffs cachés de la discrétion de Sumlin ! Un grand merci, même si j'ai l'impression qu'il nous observe, guitare à la main, avec un sourire énigmatique...


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